Formé en 1983 autour des frères Leon, Rosa Negra est un groupe Espagnol qui sort son premier opus éponyme en novembre 1984. Moins connu que Baron Rojo, Obús ou Angeles Del Infierno, la formation madrilène évolue dans un registre N.W.O.B.H.M.. Si la langue de Cervantes ne vous rebute pas, penchez vous sur Paranoicos, Volcán, Kamikazes ou l’entêtant No sois el sexo débil. Malgré une production vieillissante, l’album reste agréable à écouter dans son ensemble. Après trois années d’activité en ayant assuré les premières parties de Joan Jett, Def Leppard, ou Scorpions, le groupe enregistrera un second disque, El Beso De Judas, et disparaitra des écrans radar pour réapparaitre en 2012. Mises à part la barrière de la langue, et une distribution erratique ne leur permettant pas de se faire connaitre au-delà de la péninsule Ibérique, Rosa Negra était la bonne surprise qui n’avait rien à envier à ses contemporains britanniques.
The Greater Of Two Evils
Toute sa carrière durant, démarrée en 1981 dans le Queens, Anthrax n’a jamais fait preuve d’une grande stabilité. Les New Yorkais auront usé pas moins de huit chanteurs, dont trois seulement enregistreront avec le groupe. C’est à John Bush que revient le privilège de pousser la chansonnette sur The Greater Of Two Evils. Le vocaliste, officiant également avec Armored Saint, doit se confronter au répertoire de ces deux prédécesseurs, Neil Turbin et Joe Belladonna, en réenregistrant 14 morceaux choisis par les fans sur internet. Si l’idée semblait bonne, le résultat m’a quelque peu déçu, John Bush n’arrivant pas à me convaincre. Les titres, réarrangés pour l’occasion, sonnent plutôt bien, avec les parties de batteries remarquables de Charlie Benante et les rythmiques saignantes de Scott Ian, mais un manque de feeling, lorsqu’il s’agit à Rob Caggiano, malgré sa maitrise technique, de retranscrire les soli de Dan Spitz. Aurait pu mieux faire.
Surfing With The Alien
Le Metal instrumental, à de rares exceptions, n’est pas ma tasse de thé.
Autant dire que j’aborde cette chronique avec une certaine dose de mauvaise
foi. Unanimement reconnu par la critique à sa sortie,
Surfing With The Alien ne me fait
ni chaud ni froid. Si je devais noter ce disque sur la maitrise et la
virtuosité de Joe Satriani, nul doute que j’aurais mis entre 4 et 5, sauf que pour moi, la musique est
avant tout une affaire d’émotions avant d’être une histoire de technique.
Quand j’écoute cet album il ne me procure aucune érection pilaire. Seuls
Satch boogie et
Circles ont réussi à me faire
secouer la tête et frémir les tympans. Maintenant à choisir entre le Metal
néo-classique ennuyeux d’un
Yngwie Malmsteen, autre adepte de la masturbation guitaristique rébarbative, et les mélodies
plus abordables du Satch, je choisis la musique du prof de guitare de Kirk
Hammet.
Pochette alternative de la réédition de 2018
Headhunter
Si les banques, le chocolat et les montres font la fierté de la Suisse, la
confédération peut se targuer d’avoir compté en son sein des formations dont
la réputation musicale a dépassé le simple statut de la notoriété locale.
Hellammer/Celtic Frost, Coroner, Samael, Gothard et
Krokus ont largement contribué à
porter haut et par-delà les frontières, l’étendard du Metal helvète. Souvent
traité comme un simple clone d’AC/DC, Krokus, avec Headhunter, a de quoi faire taire ses détracteurs. Le travail de Tom Allom (producteur
attitré de Judas Priest) confère à ce disque une véritable identité dès les premières mesures du
titre éponyme. Eat the rich, mid tempo efficace sera repris par David Ellefson (Megadeth) sur l’album No Cover, tandis que Ready to burn se
paie le luxe de voir Rob Halford venir pousser la chansonnette. Le meilleur
d’un Krokus à son apogée, le
groupe s’orientant ensuite vers une musique plus commerciale.
Another Way To Shine
Carnage, Carcass, Arch Enemy : Michael Amott est
unanimement reconnu dans le milieu du Death Metal. En 1992, bien qu’il soit
encore membre de Carcass, il fonde Spiritual Beggars avec
la complicité de Ludwig Witt (batterie, percussions), et Christian ‘’ Spice’’
Sjöstrand (basse, chant). La musique du trio est aux antipodes de ce que le
guitariste a pu produire jusque-là, prônant un retour aux racines du Heavy
Metal. Alors que le Grunge dépressif, en vogue à cette époque, s’empare des
codes et styles sociétaux du moment, faisant notamment l’impasse sur les soli
de guitares si caractéristiques du Hard Rock,
Another Way To Shine revisite la
richesse musicale des années 70 avec brio en nous plongeant dans un Stoner aux
ambiances variées, illuminé par la virtuosité et la sensibilité d’un
six-cordiste inspiré. Avec ce premier album nominé aux Grammy suédois,
Spiritual Beggars s’érige en
figure de proue du Stoner européen.
Pochette alternative de la réédition de 2007
Masters Of Reality
En appelant sa formation
Masters Of Reality, Chris Goss, guitariste, chanteur et membre fondateur, a voulu rendre
hommage à la troisième parution de Black Sabbath. Pourtant, The candy song nous
rapproche plus de Led Zeppelin que
de Tony Iommi et consort. L’album en lui-même, souvent associé au Stoner,
évolue dans un registre plus proche du Hard Rock vieille école, avec des
passages empruntés au Blues (John Brown, Gettin’ high, The eyes of Texas), à la musique Country américaine avec
Lookin’ to get rite voire au Rock
Alternatif avec Domino. Riche en sonorités et merveilleusement produit par Rick Rubin, dont
l’éclectisme musical va de
Run DMC à
Slayer en passant par les
Red Hot Chili Peppers et
Metallica, The Blue Garden, l’autre titre du disque, fait figure d’ovni musical pour l’époque et ne
trouvera pas son public. De nombreuses rééditions existent avec un autre
visuel et des titres supplémentaires enchainés différemment.
Pochette alternative de la version originelle
Kick Out The Jams
Wayne Kramer nous a quitté le 02 février 2024. Ce nom ne dit peut-être plus
grand-chose à la nouvelle génération de Metalheads, pourtant il est à
l’origine d’un groupe qui a ajouté sa pierre à l’édifice du patrimoine
culturel du Heavy Metal : MC5. Fondé en 1964, la formation s’inscrit dans la mouvance de la contreculture
américaine, militant pour le droit des noirs et appelant à la révolution.
Kick Out The Jams, enregistré live dans leur fief de Detroit, est un condensé d’énergie Rock
agrémenté de touches d’Acid Jazz, de psychédélisme et de Blues. L’Amérique de
68 n’avait jamais entendu un tel déluge de décibels, porté par un discours insurrectionnel ultra politisé, qui valut à Kramer et sa bande d’être surveillé
par le F.B.I. Blue Oyster Cult, Monster Magnet, Pearl Jam, Rage Against The Machine, Entombed... tous ont été inspirés par ce précurseur du Punk et du Hard Rock. Culte!
City Baby Attacked By Rats
Dans la série des groupes Punk qui ont influencé le Heavy Metal, Charged G.B.H. peut se vanter d'avoir joué son petit rôle dans la musique d'un des plus gros groupes du genre, j’ai nommé Metallica. James Hetfield n'hésitait pas à porter des t-shirts du gang de Birmingham au début de sa carrière (Kirk Hammett préférant Discharge). Représentant du Hardcore britannique, Charged G.B.H. évolue dans un style bien plus violent que ses ainés de la première vague de 1977. City Baby Attacked By Rats, leur premier disque, fait suite à un copieux mini LP, Leather, Bristles, Studs And Acne. De Time bomb qui ouvre le bal, à Slit your own throat qui le clôt, ça déboule à 100 à l’heure. Pas de fioriture dans d'inutiles solis. Les guitares sont minimalistes et rapides, le chant hargneux, agrémenté de textes nihilistes non dénuées d’humour. Sick boy sera repris par Slayer sur Undisputed Attitude.
Never Mind The Bollocks, Here's The Sex Pistols
Carrière éphémère et groupe intemporel, les
Sex Pistols avec
Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols, vont marquer le monde de la musique rock pour l’éternité. Déclencheur du
mouvement Punk de 1977, l’empreinte des londoniens reste prégnante pour de
nombreux groupes évoluant dans la sphère Hard/Heavy.
God save the queen, hymne réquisitoire contre la monarchie Britannique, a été repris par
Anthrax, Motörhead et
Quorthon (leader du groupe de Balck Metal
Bathory). Megadeth ,
Mötley Crüe ont quant à eux choisi
Anarchy in the U.K. tandis que
Overkill s’attaquait à
No feelings et
Exodus à Problems. Du Thrash au Glam en passant par le Stoner, les
Sex Pistols et, plus généralement
le Punk, restent des influences majeures pour les groupes de Metal. Devant
faire face à divers obstacles pour empêcher sa sortie, l’album deviendra un
véritable succès commercial, unique témoignage studio d’une formation
mythique. Allez, je file réécouter
Pretty vacant.
The Eagle Has Landed
Si Saxon, aujourd’hui, semble être pour certain un groupe de second ordre, il n’en
n’a pas toujours été ainsi. Dans la première moitié des années 80, la
popularité des natifs de Barnsley, tutoyait celle d’un
Judas Priest et faisait jeu égal
voire dépassait celle d’Iron Maiden. The Eagle Has Landed, leur premier album live, en est l’illustre témoignage, surpassant de la
tête et des épaules
Unleashed In The East (Judas Priest). Enregistré durant la tournée européenne pour promouvoir
Denim And Leather, le groupe pioche également dans
Strong Arm Of The Law et
Wheels Of Steel, ses deux prédécesseurs. Le choix et l’interprétation des titres est
redoutable d’efficacité, même si l’on aurait aimé y voir figurer d'autres
classiques. La réédition de 2018 corrigera cela en ajoutant quelques bonus.
The Eagle Has Landed reste un des
meilleurs live de la décennie. Ecoutez l'enchainement
Fire in the sky/Machine gun et vous serez
convaincu.
Rock 'N' Roll
« We are Motörhead and we play Rock 'N' Roll! » : Lemmy l’a clamé sur toutes les scènes du monde, il était donc naturel qu’un de ses albums s’intitule sobrement Rock ‘N’ Roll. Le magazine Classic Rock considère cette œuvre comme étant la pire de la discographie du groupe. Qu’en est-il vraiment ? Déjà, le quatuor voit le retour de son emblématique batteur Phil ‘Animal’ Taylor, et ça se sent dès le premier titre éponyme. Ensuite, la production de Guy Bidmead est bien meilleure que celle catastrophique de Bill Laswell sur Orgasmatron. Enfin, si on retire l’inutile « spoken words » qu’est Blessing et le quelconque Blackheart, le reste est plutôt bon. A noter que Eat the rich a été composé pour figurer sur la bande son du film du même nom, et contribuera au succès grandissant de Motörhead outre atlantique. Verdict: Rock ‘N’ Roll est sympathique à écouter.
Twin Peaks
Mountain voit le jour en 1969 à Long Island. Emmené par Leslie West, son emblématique guitariste, et Felix Pappalardi, bassiste/chanteur/producteur, le trio est considéré comme la réponse américaine à Cream (Pappalardi a produit Disraeli Gears). Enregistré au Japon, Twin Peaks sort en 1974, sous la forme d’un double album. Ce live contient le pire et le meilleur de ce que les groupes de cette génération étaient capables de produire. Le pire : un pénible solo de guitare enchainé à un Nantucket sleighride dépassant les 30 minutes d’improvisation. A cause des limitations techniques de l’époque, le morceau sera divisé en deux parties. Le meilleur : l’alternance du chant éraillé de Leslie avec celui plus clair de Felix. A écouter : Theme for an imaginary western, l’incontournable Mississipi queen, Silver Paper et Roll over Beethoven (Chuck Berry). Un disque moyen d'un pilier du Hard Rock américain, qui influencera de nombreuses formations de Stoner.
Sentence Of Death
Quand sort Ride The Lightning, une meute de jeunes loups pousse derrière
Metallica, s’apprêtant à donner ses lettres de noblesses au Thrash Metal estampillé
Bay Area. Sur le vieux continent, le Heavy britannique, emmené par
Saxon, Iron Maiden, Judas Priest, règne en maitre. C’est d’Allemagne que sonnera le réveil européen, dans un
style bien plus radical que celui pratiqué outre atlantique.
Sentence Of Death parait en 1984.
Malgré sa dispensable introduction,
Total disaster prouve que
Destruction n’a pas à rougir de la
comparaison avec ce que l’on peut entendre sur
Show No Mercy. Le passage hispanisant de
Black mass, démontre une certaine aisance technique confirmée par le grand classique
Mad butcher. Plus convenu, Satan’s revenge, dont le final rappelle
Phantom lord, reste acceptable quand
Devil’s soldier clôture sans
génie, un mini LP essentiel qui jette les bases d’un Thrash à l’européenne.
Dans le sillage de
Destruction émergeront
Sodom et
Kreator…
Pochette alternative de la version US
Volume VI Warts n' All
Août 2020, en pleine pandémie, les Australiens publient ce message :
« F@#k you Corona virus! Alors que le monde est effrayé par le sang, la
sueur et la bière, Mammoth Mammoth ne peut tout simplement plus exister. On dégage d’ici ! ». Je ne donnais pas cher de la suite de la carrière du groupe. Un an plus
tard, la formation melbournienne ressuscite, un nouveau contrat discographique
en poche, et un album en prévision. Repoussé, COVID oblige, c’est en novembre
2023 que sort Volume VI Warts n’ All. D’entrée Hell’s likely donne le
ton, sonnant comme G.B.H., tandis que le reste du répertoire est plus typé Hard Rock/Metal, croisement
entre Motörhead et
Black Sabbath (Epitome
et son clin d’œil à Paranoid). Le son est brut, sans fioritures, un live authentique
avec tous ses défauts (*).
Mammoth Mammoth ne réinvente rien,
on aime ou on n’aime pas. Moi je valide.
(*) Traduction en français de warts and all.
The Murderess Metal Road Show
Lizzy Borden tient son nom d’une
héroïne d’un célèbre fait divers américain de la fin du 19e siècle. Accusée
d’avoir tué son père et sa belle-mère à coups de hache, Lizzie fut acquittée
faute de preuves et de mobile (malgré des suspicions d’inceste). Devenue une
icône féministe et folklorique, elle fit l’objet d’une comptine pour enfant :
Lizzie Borden took an ax. La parenthèse culturelle refermée, intéressons nous au contenu de ce
Metal Murderess Road Show. Emmenés par leur chanteur Lizzy Borden (Gregory Charles Harges), les
angelins nous livrent une version live de leurs deux premiers micro-sillons,
Giv ‘Em The Axe et
Love You To Pieces, agrémentés du
Live and let die des
Wings. Musicalement proche d’Iron Maiden
sans en avoir le génie, le groupe connaitra un certain succès sur sa terre
natale sans jamais vraiment s’imposer en Europe. Sympathique tout au plus, à
ranger aux côtés de Savage Grace.
Defenders Of The Faith
Dans la série album quadragénaire, en voilà un autre qui a marqué son époque :
Defenders Of The Faith. Cette neuvième parution de
Judas Priest est dans la juste
continuité de son prédécesseur,
Screaming For vengeance, qui lui a ouvert les portes du succès outre atlantique, lui permettant de
jouer à l’affiche de l’US Festival (San Bernardino 1983). L’incontournable
Freewheel burning, toujours joué en concert, ouvre le bal de fort belle manière, suivi du non
moins efficace Jawbreaker. Rock hard ride free vient
casser le rythme, avec son tempo plus lent et une mélodie empreinte de
claviers formatée pour faire plaisir aux toutes puissantes radios américaines.
La face A se termine par un autre classique,
The sentinel. Malheureusement la face B est un cran en dessous, faisant pour moi de
Defenders Of The Faith un album
prévisible, sans pour autant égaler Screaming For vengeance. Certains puristes vous diront le contraire.
Show No Mercy
Après de longs mois de fatigue mentale et de panne intellectuelle, je reprends mon clavier pour vous parler d’une œuvre qui vient de célébrer son quarantième anniversaire : Show No Mercy. Sorti quelques mois à peine après Kill ‘Em All, Slayer nous délivre une musique vindicative mariant la vélocité de Metallica à la brutalité primale du trio de Newcastle upon Tyne : Venom. Si cette première galette est moins prisée que Reign In Blood, elle jette les bases d’un Thrash Metal dont Slayer restera un des rares représentant intègre toute sa carrière durant. Les influences d’Iron Maiden et Judas Priest ne sont pas encore totalement digérées, mais King et Hanneman nous délivrent des riffs assassins accompagnés par un Tom Arraya hurlant ses lignes vocales comme un possédé, le tout rythmé par un monstre de la batterie : Dave Lombardo. Quarante ans après, ce disque reste un incontournable brûlot qui a plutôt bien vieilli.
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