Doremi Fasol Latido

Hawkwind 1972 Doremi Fasol Latido
L’annonce du décès de Nick Turner, co-fondateur de Hawkwind, m’a donné envie de me replonger dans la musique de ce groupe britannique. J’ai jeté mon dévolu sur Doremi Fasol Latido, pour deux raisons. La première: cette troisième production voit l’arrivée d’un certain Ian Fraser Kilmister, dit Lemmy, qui y fait ses débuts discographiques en tant que bassiste, alors qu’il postulait pour être guitariste. Il signe et chante The watcher, titre repris plus tard sur le premier disque de Motörhead. La seconde: bien qu’éloignée des standards du Metal actuel, la musique d’Hawkwind reste une référence majeure pour certains groupes de Stoner. Brainstorm a été repris par Monster Magnet sur l'album Superjudge. Son leader, Dave Wyndorf, n’a jamais caché son amour pour le Space Rock des londoniens. Si vous aimez les voyages musicaux planants, un peu barrés, emprunts de littérature de science-fiction à la Michael Moorcock, laissez-vous bercer par Doremi Fasol Latido.
 

Torch

Torch 1983 Torch
Comment un directeur artistique peut-il imposer le choix d’une illustration aussi moche? Même un fantasme inassouvi sur le bronzage de la Schtroumpfette durant sa puberté, ne peut justifier une telle faute de gout pour ce qui peut être classé parmi les meilleures sorties européennes de 1983. Pourtant c’est l’année de Pyromania, Holy Diver, Shout At The Devil, Kill’ Em All, Show No Mercy… Au milieu de tout cela, Torch sort un premier album de qualité, unanimement salué par la critique. Si Warlock n’est pas le morceau le plus approprié pour ouvrir les hostilités, Beauty and the beast, Watcher of the night ou Hatchet man apportent un peu de mordant, plaçant les dix compositions des Suédois largement au-dessus du lot de pas mal de productions britanniques ou américaines. Passé le choc psychologique de la pochette, le contenu vaut plus que le détour. Parfois oublié des spécialistes, un incontournable de ma métalthèque.

La version ci-dessous est agrémentée de 8 titres bonus issus des 2 EP (Fire Raiser!! et 3 Track 12 Inch)

Done With Mirrors

Aerosmith 1985 Done With Mirrors
En 1979 le torchon brule entre Steven Tyler et Joe Perry. Le guitariste laissera tomber l’affaire pendant l’enregistrement de Night In The Ruts, pour se lancer en solo avec Joe Perry Project : réussite anecdotique. Plombé également par le départ de Brad Whitford, c’est un Aerosmith bien mal en point, avec un Steven Tyler rongé par des abus en tous genres, qui sort Rock In A Hard Place en août 1982 :  succès mitigé. Il n’en fallait pas plus aux antagonistes d’hier pour mettre de côté leurs différents et s’accorder à enregistrer de nouveau ensemble. Done With Mirrors permet au gang de boston de revenir timidement sur le devant de la scène avant leur fructueuse collaboration avec les rappeurs de Run DMC. Sans être comparable à Toys In The Attic ou Rocks, l’album reste un bon cru, annonçant les prochaines orientations musicales des incontournables Permanent Vacation, Pump et Get A Grip.
 

Suck cocks in hell

ShitFucker 2013 Suck Cocks In Hell
Adepte de poésie pastorale ou de romantisme lyrique fuyez. Ici point de bluette. C'est du lourd. Shitfucker ne fait pas dans la dentelle, mais dans le gros rouge qui tache. Le nom du groupe fallait déjà oser, mais si on ajoute un logo des plus douteux et le contenu de la pochette, le gang de Détroit joue la provoc à fond. Quid de la musique ? C’est un bouillonnant mélange de punk, black et metal, les influences revendiquées par le groupe allant de G.B.H. à Venom en passant par Motörhead. Les compositions restent minimalistes, fidèles aux formations susnommées. La production « vintage » et sans fioriture nous renvoie dans les années 80 (Welcome to hell) avec parfois quelques arrangements comiques (Sex dungeon). Les plaisanteries les plus courtes étant les moins longues, le meilleur (ou le pire c’est selon) de Shitfucker nous est dispensé ici en 34 minutes de débauche lubrico-satanique.

Palingenesia

Titan 2021 Palingenesia
Avec un titre à coucher dehors, et un emballage pas attirant pour deux sous, mon premier contact avec le nouveau disque de Titan ne commence pas sous les meilleurs auspices. Coté pochette, la première galette des basques était bien plus réussie, et celle de Popeye Le Road bien plus drôle. Quant au titre? C’est la première fois en 40 ans de Metal que je suis obligé d’ouvrir un dictionnaire pour en comprendre la signification. La palingénésie, du grec ancien palingenesia, est un concept de philosophie métaphysique qui… Houlà, je suis en train de vous perdre. Pour faire court, ça se traduit par renaissance. À l’écoute de ces onze titres, on ne peut qu’acquiescer. 35 ans après leur unique et quelque peu décevant album studio, Titan nous gratifie d’un retour convaincant avec une musique empreinte de sonorités modernes qui ne renie pas pour autant ses origines. Palingenesia dites-vous? Un bon cru.
 

Le Berceau Des Dieux

Tentation 2021 Le Berceau Des Dieux
Parler de Metal français aujourd’hui se résume trop souvent à ne citer que Gojira ou Ultra Vomit. Sans critiquer ces deux formations émérites, qui ont pour vertu de tirer la scène française vers le haut, on en oublie des groupes moins médiatisés, car pratiquant une musique ne correspondant pas aux canons du moment. Si, comme moi, vous avez découvert Tentation en achetant Les Hordes Métalliques 665, et que vous avez été peu emballés par leur prestation, revoyez votre jugement!!! La musique proposée ici, en filiation directe avec les eighties, bénéficie d’un son moderne bien plus convaincant, mettant en valeur des compositions de qualité. Petit bémol qui pourrait en rebuter certains, le contraste entre la tessiture du chant et l’agressivité des guitares (comme sur Rites Of Chaos de Demon Eyes). Passé l’effet de surprise, Le Berceau Des Dieux est un excellent album de Heavy/Speed à classer aux côtés d’ADX ou Malédiction.

Intensities In 10 Cities

Ted Nugent 1981 Intensities In 10 Cities
Intensities In 10 Cities est le second enregistrement en public de Ted Nugent, au concept original. Durant la série de concerts donnés pour promouvoir l’album Scream Dream, Gonzo décide de jouer une vingtaine de nouveaux morceaux. A l'issue de la tournée, il propose à Epic de garder les dix meilleurs titres captés dans 10 villes différentes, s'évitant ainsi des sessions studios. Neuf compositions originales jamais enregistrées auparavant, et une reprise tonitruante de Land of a thousand dances, constituent sa dernière publication pour sa maison de disques. Rien n’est à jeter, seuls les silences entre chaque plage viennent rompre la dynamique d’un live haut en couleur. Si aujourd’hui Ted Nugent me fait régulièrement grimacer de par la nature de ses propos souvent discutables (à la limite du complotisme, voire du racisme), le six-cordiste reste une légende incontournable du Hard Rock américain, dont le talent artistique vaut mieux que ses diatribes acerbes.
 

Out Of The Cellar

Ratt 1984 Out Of The Cellar
Quand on entend parler de Glam Metal, les noms cités le plus régulièrement sont Mötley Crüe, Twisted Sister, Guns N’ Roses, Poison… Celui de Ratt semble avoir sombré dans les méandres de l'oubli. Le groupe faisait pourtant partie des plus grosses formations du genre, souvent annoncé comme successeur d'Aerosmith (risible). Fort d’une notoriété grandissante après la parution de leur premier disque (Ratt 1983), la formation signe avec Atlantic Records et enregistre Out Of The Cellar. À sa sortie, les ventes dépasseront celles de Shout At The Devil. Aujourd'hui, l'œuvre des rongeurs souffre de la comparaison avec celle de Mötley Crüe. Si la maîtrise technique de Warren DeMartiny et Robbin Crosby est indiscutable, elle est au service d'une musique commerciale orientée Pop Metal gentillet qui me fait mal aux tympans. Certifié multi platine, l’album propulse les californiens au rang de megastar du Hard U.S., alors que leur héritage musical reste anecdotique.

On Your Feet Or On Your Knees

Blue Öyster Cult 1975 On Your Feet Or On Your Knees
Quand on parle de la genèse du Hard Rock, on évoque souvent la Grande Bretagne et ses deux représentants emblématiques : Deep Purple et Led Zeppelin. Pourtant dès 1967, à Long Island, émerge une formation atypique à l’étrange patronyme : Blue Öyster Cult. Après des débuts difficiles et trois albums studios, On Your Feet Or On Your Knees est le premier témoignage live des New-Yorkais. A la croisée des chemins du psychédélisme des Doors, de l’énergie Protopunk de MC5 ou de l’Acid Rock de Steppenwolf, B.O.C. délivre une musique racée, illuminée par les influences Jazz de Donald Roeser. Écoutez Buck’s boogie et vous comprendrez que le bonhomme n’a rien à envier à Jimmy Page ou Ritchie Blackmore. Puisant équitablement dans sa discographie, avec en prime Maserati GT (I ain’t got you) et Born to be wild, ce disque est un bon moyen de découvrir le répertoire d’un groupe hors norme.
 

Harsh Realities


1990 : la vague Grunge n’a pas encore déferlé sur le microcosme de la musique Heavy. Le Hair Metal est à son pic de popularité, alors que le Thrash commence déjà à s’essouffler. Musicalement beaucoup plus radical, le Death attire de plus en plus les fans de musique extrême, rebutés par les succès commerciaux de leurs idoles de la première heure : Metallica et Megadeth. C’est donc dans un contexte musical quelque peu défavorable que Bitter End sort son premier album. Plutôt bien accueillie par les critiques, la musique des frères Fox, qualifiée de Techno-thrash, a de fortes réminiscences de Megadeth, incorporant une dose de Funk par ci et un peu de Rap par là. Sans démériter, Harsh Realities (produit par Randy Burns), n’a pas suscité chez moi autant d’intérêt et d’attention que les productions de Testament ou Death Angel. Après sept années d’existence, Bitter End se séparera en 1992.
 

Live Fire

Torch 2022 Live Fire
Ambassadeur et légende du Heavy Metal scandinave, Torch débute sa carrière en 1980 pour la stopper six ans plus tard, avec deux albums dans sa besace. Après une tentative de retour avortée, c’est en 2013 que le combo refait surface avec les musiciens d’origine, exception faites du guitariste Claus Wildt qui sera suppléé par Hocky Nyström. Participant au Sweden Rock Festival 2018, les suédois y captent leur performance. Piochant dans l’intégralité de leur courte discographie, agrémentée de l’inédit Feed the flame, le groupe délivre une prestation solide. Retardé par la composition du futur album Reignited, Live Fire est mis de côté pour finalement sortir en 2022. Bien que manquant un peu de folie à mes yeux, cet enregistrement en public reste une belle entrée en matière pour découvrir une formation culte. Malheureusement, ce sera aussi le dernier témoignage discographique du vocaliste Dan Dark, contraint d’abandonner ses partenaires pour raisons médicales.
 

Frogstomp

Prenant sa source au milieu des années 80, pour exploser en 1991 avec la sortie de Nervermind (Nirvana), le Grunge, qui devait sonner le glas du Heavy Metal, disparaitra progressivement après le suicide de son emblématique représentant : Kurt Cobain. En parcourant Inoxydable – La Bible Du Heavy Metal de Fabrice Canepa, j’ai réalisé à quel point ce mouvement musical était un phénomène typiquement Nord-Américain. Les groupes cités sont tous originaires des USA, la plupart concentrés dans la région de Seattle. Pourtant, en Australie, trois jeunes lycéens âgés d’à peine quinze ans, enregistrent Frogstomp. Quelques mois seulement après la disparition de l’icône du Grunge, ce premier album de Silverchair se retrouve dans les bacs. Injustement raillé et trop souvent comparé à Nirvana, les compositions, parfois naïves, méritent l’attention des amateurs du genre. En dépit des moqueries dont il fit l’objet à sa sortie, le succès fut immédiat. Un album à (re)découvrir.
 

Anthems

Anthrax 2013 Anthem
Anthems devait être intégré en bonus à la version spéciale de Worship Music. Les objectifs marketing et les besoins bassement mercantiles de la maison de disque feront que le EP sortira conjointement avec l’édition limitée. Voilà pour la petite histoire. Quid de la musique ? Ceux qui connaissent un peu la discographie des New-Yorkais, savent qu’Anthrax est habitué aux reprises. I’m eighteen figurait sur Fistfull Of Metal, God save the queen sur Armed And Dangerous ; je pourrais parler également de I’m the man, Penikufesin et bien d’autres encore. L’intérêt du disque, vient du choix des titres et leur interprétation, fidèle aux originaux. Si Anthem, T.N.T., Jailbreak semblent évidents car appartenant au répertoire de Rush, AC/DC et Thin Lizzy, Smokin (Boston), Keep on runnin (Journey) Big eyes (Cheap Trick) sont beaucoup plus surprenants car issus d’une scène commerciale, pas très prisée des Thrasheurs. Un bon moment de Rock And Roll.
 

NOLA

Down 1995 NOLA
Entre deux albums de Pantera, l’hyperactif Philip Hansen Anselmo s’ennuie. Pour tuer le temps, le bouillonnant chanteur multiplie les apparitions dans diverses formations. En son fief de La Nouvelle Orléans, il partage son activité entre Superjoint Ritual et Down. Pour ce dernier projet, il s’entoure de Pepper Keenan (Corrosion Of Conformity), Jimmy Bower (Eyehategod), Kirk Windstein et Todd Strange (Crowbar), tous potes de longue date, et enregistre NOLA. Dès les premières notes on pense instantanément à Black Sabbath à qui on aurait ajouté des influences de Rock Sudiste et une pincée de Hardcore. Écoutez sans hésiter Stone the crow qui résume à lui seul un album musicalement riche, composé par des artistes talentueux. A une époque on aurait qualifié la musique de Down de Heavy Metal, aujourd’hui on appelle cela du Sludge (boue), en référence aux zones marécageuses de Louisiane. Unanimement salué par les critiques, NOLA sera rapidement certifié platine.
 

Master Of Disguise

Savage Grace 1985 Master Of Disguise
C’est assez amusant de lire aujourd’hui les critiques de rééditions d’albums comme celui-ci (parus dans les années 80), écrites par des chroniqueurs utilisant des références musicales et un vocabulaire qui n’existaient pas à l’époque. Bon, je me la joue vieux con, mais quand même… Tout d’abord, commençons par saluer le travail du label français Black Dragon/High Dragon Records qui nous a permis de découvrir d’aussi différents talents que Candlemass, Manilla Road, Peer Günt, ou CJSS. Master Of Disguise, première réalisation de Savage Grace (et première référence du label), sort à une époque où le Glam s’installe d’un côté de la scène Metal, et le Speed/Thrash de l’autre. Malheureusement en matière de Speed, on ne peut pas vraiment dire que l’œuvre m’ait donné envie de « headbanguer ». C’est énergique, certes, avec des guitares efficaces, certes, mais j’ai l’impression parfois d’entendre un 33T d’Iron Maiden passé en 45T. Honnête et sympathique.
 

Solid As A Rock

Shakin' Street 1980 Solid As A Rock
Avec Les Variations, Volcania et Trust, Shakin' Street fait partie des toutes premières formations françaises à jouer du Hard Rock. Emmené par la chanteuse Fabienne Essaïgh (alias Fabienne Shine), le groupe, souffre malheureusement d’instabilité chronique, et verra passer en son sein quelques pointures du Rock hexagonal : Corine Marienneau, Louis Bertignac (Téléphone) et Norbert Krief (Trust). Shakin’ Street, deuxième parution des parisiens, sort sous la houlette d’un producteur/manager de renom, Sandy Pearlman (The Dictators, Blue Öyster Cult, Black Sabbath) et avec la présence d’un invité de marque en la personne de Ross Friedman (plus connu sous le nom de Ross The Boss, ex The Dictators et futur Manowar). Malgré ce casting international, Solid As A Rock (l’autre nom de l’album) ne trouvera pas son audience. Bien que prometteur et faisant partie des meilleures productions françaises du genre, le public jettera son dévolu sur un Trust plus virulent chantant en français.

The Real Thing

Faith No More 1989 The Real Thing
Aujourd’hui, pour découvrir de nouvelles sensations musicales, il suffit de cliquer bêtement sur les liens proposés par n’importe quelle plateforme de streaming. Avant l’avènement d’internet, les choses étaient moins instantanées et un peu plus compliquées. En dehors des magazines spécialisés, un de mes critères de découverte, était de décortiquer les influences musicales de mes artistes préférés. C’est en voyant James Hetfield porter un t-shirt Faith No More que j’ai commencé à m’intéresser à ce groupe atypique dont la date de formation remonte à 1979. Dix ans plus tard, et après un changement de chanteur, The Real Thing vient me chatouiller les oreilles. Bien plus heavy que les Red Hot Chilli Pepers, la musique est un condensé d’influences allant du Jazz au Heavy Metal en passant par le Funk, le Rap et le Thrash. Du début à la fin les compos sont phénoménales, portées par la folie talentueuse de Mike Patton.
 

It's Five O'clock Somewhere

Slash's Snakepit 1995 It's Five O'clock Somewhere
Avec le succès d'Appetite For Destruction, Guns N’ Roses connaît une ascension vertigineuse Pourtant tout n’est pas rose au pays des Guns. Les premières fissures ne tardent pas à apparaitre: Steven Adler est licencié et remplacé par Matt Sorum (The Cult) pour l’enregistrement du diptyque Use Your Illusion; Izzy Straddlin, usé par les frasques de son égocentrique chanteur, claque la porte; Gilby Clarke lui succède pour être viré à son tour après la tournée de 1994. Dans ce contexte chaotique, Slash continue de composer pour le prochain disque. Axl Rose refusant tout en bloc, l’homme au chapeau ne se démonte pas. Il fonde Slash’s Snakepit avec ses (ex) comparses Matt et Gilby, épaulé par Mike Inez (Alice In Chains) et Eric Dover. Il utilisera sur It’s Five O’ Clock Somewhere le travail rejeté par Axl. Sans égaler Appetite For Destruction, l’album, condensé du talent du guitariste, vaut largement le détour.

A Dream Of Wilderness

Aephanemer 2021 A Dream Of Wilderness
Je suis loin d'être un amateur de Metal Symphonique. Je ne suis pas non plus un grand spécialiste de Death Metal. Autant dire que j'aborde cette chronique avec un certain handicap. Je me demande même comment réussir à sortir les 150 mots habituels que je me suis fixé pour rédiger mes articles. Commençons par l'emballage. De l'esthétique de la pochette se dégage une sensation étrange de puissance et de mystère qui détonne avec le côté puérilement gore auquel certaines productions Death nous ont habituées. Vient ensuite le contenu. Dès les premières notes, un constat : le son est énorme, mettant en valeur les compositions et arrangements de grandes qualités de Martin Hamiche. On débranche le cerveau pour se faire happer par l'univers musical et commence alors un parcours initiatique où chacun se laisse bercer par ses propres rêves de nature sauvage. A Dream Of Wilderness et Aephanemer exigent votre attention.

Dèche A La Ch'touille

Nous sommes à peine sortis d’une période compliquée plombée par le Sars-Cov-2, que plane la menace de quelques psychopathes égocentriques aux visées expansionnistes, n’ayant qu’une seule préoccupation : satisfaire leurs intérêts de mégalos narcissiques. Avouez qu’il y a de quoi devenir paranoïaque et dépressif. Dans ce contexte anxiogène, pourquoi ne pas remettre au gout du jour le bon vieil adage baba cool ‘’Faites l’amour, pas la guerre’’ ? Certes, Dèche A La Ch’touille, c’est moins glamour et poétique. C’est du punk français, dont le rock minimaliste fera fuir plus d’un mélomane coincé, et dont les paroles, pour la plupart basées en dessous de la ceinture, ont de quoi frapper d’apoplexie la cour rapprochée des néo-féministes d’Alice Coffin. Tulaviok nous balance 14 titres de son Queue Pon Paillard sans aucune autre prétention que de nous faire passer un bon moment. Mention spéciale à Nina ma poupée, parodie du tube de Michel Polnareff.
 

Year Of The Demon

Night Demon 2022 Year Of The Demon
Durant les mois de restrictions liés au Covid, certains artistes se sont mis à taper le bœuf à distance pendant que d’autres, plus mercantiles, donnaient des concerts diffusés en streaming, devant une assistance invisible et silencieuse. Night Demon a préféré sortir quatre inédits (uniquement disponibles en 45 T), aujourd’hui regroupés sur Year Of The Demon, complétés de six reprises. Fast bites (Le Griffe), 100 MPH (Cirith Ungol), The Sun Goes Down (Thin Lizzy), font partie d’un patrimoine musical dont on avait presque oublié l’existence alors que Wasted Years (Iron Maiden) semble plus convenu, et que la vraie surprise vient des live de In trance et I’m a robot man, vieux titres de Scorpions, qui voient Uli Jon Roth participer à la fête. Coté inédits, mis à part Vystria flirtant avec le speed/thrash du début 80, le reste sonne dans la tradition de ce que le groupe a déjà produit.
 

Ten Years Of Crap - Live -

Nitrogods 2022 Ten Years Of Crap - Live -
Trois ans après Rebel Dayz, nos 3 pistoleros de Basse-Saxe sont de retour avec un double album enregistré en public. Ten Years Of Crap – Live , commémore plus de dix années d’existence vouée au sacrosaint Rock ‘N’ Roll tant défendu par Lemmy. Les quatre réalisations studio sont passées en revue avec une surreprésentation étonnante de Nitrogods (paru en 2012). Le groupe ne s’embarrasse pas de superflu, ça sonne authentique. Forcément, on pense à Motörhead, influence assumée par Claus « Oimel » Larcher pour lancer Damn right, titre sur lequel Henny Wolter semble, durant quelques notes, habité par l’esprit de « Fast » Eddie Clarke qu’il a côtoyé dans Bastards. Un peu de wah-wah, pas mal de slide, un duel basse/guitare sur un Back home aux accents de Thin Lizzy, en dix-neuf titres, Nitrogods nous raconte toute l’histoire du Hard Rock avec l’adhésion d’un public que l’on aurait aimé plus présent.
 

Atma

Après de longs mois d’absence dus à l’indisponibilité d’un de ses membres, le quatuor d’Aschaffenbourg est de retour avec Atma, pour une cinquième salve studio de Stoner psychédélique. Les connaisseurs ne seront pas dépaysés et retrouveront les ingrédients déjà présents sur Moksha (2015) agrémentés de quelques petites trouvailles sonores flirtant avec l’électro. Pas d’inquiétude, les doses sont tellement homéopathiques, que My Sleeping Karma n’a aucune chance de se retrouver tête d’affiche du prochain Tomorrowland (*). Les mélodies sont simples, toujours aussi envoutantes, emmenées par le jeu de batterie aérien et hypnotique de Steffen Weigand. Selon les musiciens eux-mêmes, Atma raconte l’histoire de leurs vies, celle de quatre amis qui ont traversés une période ponctuée de traumatismes, de douleurs, et d’anxiété, au point de douter de l’existence même de ce disque qui s’avère tout aussi indispensable que son prédécesseur. A écouter ou découvrir absolument.

(*) Plus grand festival électro au monde.

Finisterra

Mägo De Oz 2000 Finisterra
Formé en 1988 sous le nom de Transylvania (hommage à Iron Maiden), le groupe adopte son patronyme en 1989. Intégrant des instruments comme le violon et la flute, les madrilènes n’hésitent pas à inclure dans leurs morceaux inspirés par la "Vierge De Fer", des éléments de musique classique, celtique et folk. Ajouter à cela le chant en Espagnol, et vous obtenez un mélange détonnant susceptible de faire fuir les néo-métalleux. Pourtant, la langue de Cervantès se marie très bien avec le Heavy Metal riche et varié de Mägo De Oz. S’il fallait encore prouver au grand public ignorant tout du Metal, que la diversité stylistique de ce genre musical tant décrié, dépasse de loin les stéréotypes qui lui sont affublés, Finisterra reste une belle entrée en matière. Cerise sur le gâteau, les heureux possesseurs de la version vinyle peuvent mieux se délecter d’une pochette à l’humour décalé, bourrée de grivoiseries.
 

Sad Wings Of Destiny

Judas Priest 1976 Sad Wings Of Destiny
Paradoxalement, j’ai découvert Judas Priest en 1982 avec Sad Wings Of Destiny, alors que cette même année sortait l’incontournable Screaming For Vengeance. A la première écoute je n’ai pas accroché de suite, quelque peu rebuté par les vocalises de Rob Halford. Prenant le temps de m’approprier l’œuvre, la conclusion semble ensuite évidente : ce disque est une pièce maitresse de la discographie du groupe aux côtés de Screaming For Vengeance, Defender Of The Faith, Turbo, et Painkiller. Avec ce deuxième opus, le Priest défini presque tout ce que le Heavy Metal proposera par la suite en termes d’influences et de variations musicales. Si je devais convaincre les plus réticents d’entre vous, Victim of changes, qui ouvre l’album, fait toujours partie de la liste des morceaux joués en concert en 2022. Donc, même si le son peut paraitre un peu daté aujourd’hui, écoutez les enchainements Dreamer deceiver/Deceiver et Epitath/Island of domination.